A 4h45, les chars du groupement III partent donc à l’assaut des positions allemandes après un bombardement en règle par l’artillerie française.

Dans le secteur du 1er Corps d’Armée Colonial, l’A.S. 1 permet aux coloniaux les objectifs assignés puis se replie sans perte malgré le feu de l’artillerie allemande, mais sur les 12 chars engagés, 5 tombent en panne et restent sur le terrain. On déplore malgré des blessés au sein des équipages dont le sous-lieutenant Landry de la 3e batterie qui, bien que blessé à la tête, continue à servir mitrailleuse et canon à défaut de pouvoir encore conduire son char. Il sera fait chevalier de la Légion d’Honneur pour sa conduite admirable. Les opérations ne connaissent pas le même succès dans le secteur du 37e Corps d’Armée. A cause de pannes mécaniques, seuls 9 chars sont engagés. Au centre, la progression s’arrête à la première ligne allemande. Sur la gauche, elle n’est même pas atteinte. Seul l’objectif situé à l’extrême-droite de la ligne est atteint. Mais un seul char est perdu, frappé par un obus allemand. Le lieutenant Bégarie se distingue en conduisant non seulement son Saint-Chamond au milieu des lignes allemandes mais aussi exortant les fantassins à attaquer les positions ennemies. Il sera lui aussi fait chevalier de la Légion d’Honneur. A 12h, la 4e batterie de l’A.S. 10 attaque la tranchée de la Rade. L’infanterie ne parvenant pas à suivre en raison des tirs de l’artillerie allemande, les chars sont contraints de se replier mais l’un d’entre eux tombe en panne et doit être abandonné. La journée s’achève sur un bilan mitigé mais bien meilleur qu’à Berry-au-bac en terme de pertes subies. On ne compte que 3 tués, 2 disparus et 26 blessés pour un seul engin détruit. A la nuit tombée alors que la météo est exécrable, des équipes de dépannage tentent de ramener les chars tombés en panne. Trois seront ramenés, tandis que deux autres seront détruits par l’artillerie française pour ne pas tomber aux mains des Allemands.

Le 6 mai

L’attaque doit se poursuivre malgré une météo toujours défavorable. Cinq chars de l’A.S. 1 sont mis à disposition des fantassins, mais ils ne peuvent participer aux attaques avant 19h à cause du terrain complétement détrempé. L’objectif est alors de dégager la position du château de la Motte pour réduire les mitrailleuses allemandes au silence. Mais l’assaut ne peut déboucher car l’incertitude règne quant aux positions occupées par l’infanterie française et les tankistes ne veulent pas prendre le risque de tirer sur leurs camarades. Au 37e CA, les Saint-Chamond attaquent de nouveau la tranchée de la Rade. Mais la liaison avec l’infanterie est mauvaise et les chars sont seuls. Aussi, malgré la neutralisation des défenses allemandes, les chars doivent se replier. Sur l’ensemble de la journée les pertes sont faibles : 1 tué, 5 disparus et 4 blessés dont deux de la SRR 2. Le lendemain, les chars de l’A.S. 1 sont engagés dans des opérations de détail tandis que les équipes de dépannage poursuivent leur travail pour récupérer les blindés tombés en panne. De son côté l’A.S. 31 reçoit l’ordre de se replier sur Crouy. Le 8 mai, l’ensemble du groupement se rassemble à Crouy pour réparer les matériels et les opérations de combat cessent.

Le commandant de la division provisoire Brécard (cuirassiers à pied), félicitera les équipages dans son ordre du jour du 8 mai dans les termes suivants : « Le colonel commandant l’infanterie de la D.P.B. adresse toutes ses félicitations aux officiers, sous-officiers et soldats de l’artillerie d’assaut pour le dévouement, l’énergie et la bravoure dont ils ont fait preuve pendant qu’ils étaient sous mes ordres.« 

SYLVAIN FERREIRA