Au printemps 1917, malgré les profonds bouleversements politiques qui ébranlent la Russie depuis la révolution de février, le gouvernement provisoire reste déterminé à poursuivre la lutte aux côtés des Alliés contre les empires centraux sous l’impulsion du ministre de la guerre Alexandre Kerenski.

Cette volonté de poursuivre le combat se manifeste par l’élaboration d’une nouvelle offensive qui permettrait au gouvernement provisoire d’assoir sa légitimité et de démontrer aux Alliés que la Russie tiendra ses engagements. Le projet est entériné tout d’abord par la Douma au cours d’une session secrète puis par les délégués du Congrès des Soldats et des Travailleurs qui votent la confiance au gouvernement provisoire. La nouvelle est accueillie favorablement sur le front laissant croire à un regain de combativité dans les rangs de l’ex-armée impériale. Sur le plan militaire l’idée initiale est la même qu’au printemps 1916 : il faut frapper les troupes austro-hongroises en Galicie. Malheureusement, l’enthousiasme suscité par le projet ne tient pas compte des impératifs militaires préalables à la préparation d’une offensive d’envergure. Le général Broussilov est chargé, comme en 1916, de mener cette opération mais il ne dispose que de deux semaines pour la préparer.

Le général Broussilov

Le brillant général russe parvient néanmoins à rassembler 31 divisions (7e et 11e armées) pour frapper les IIe et IIIe armées austro-hongroises qui gardent les champs pétroliers de Drohobycz et au-delà la forteresse de Lemberg (Lviv) dont la reprise serait éminemment symbolique pour le gouvernement provisoire. En plus des problèmes d’organisation et de planification, Broussilov s’inquiète de l’influence de la propagande des groupes révolutionnaires radicaux sur la troupe, et notamment celle des Bolcheviks qui réclame la fin de la guerre considérant celle-ci comme une guerre impérialiste étrangère aux revendications du peuple. Cette inquiétude est partagée par les officiers sur le terrain qui craignent les refus d’obéissance mais aussi les mutineries. Pour tenter de maintenir la cohésion des unités, Kerenski rétablit la peine de mort pour punir les déserteurs mais la mesure est très mal accueillie par les soldats qui y voient un retour à la brutalité du régime tsariste. Dernier problème, l’économie du pays est paralysée par les nombreuses grèves qui se multiplient depuis mars et les fournitures de guerre ainsi que les munitions manquent. Le manque de liquidité interdit également l’achat de munitions à la France et à la Grande-Bretagne. Fin juin 1917, Broussilov est prêt à lancer sa nouvelle offensive malgré toutes ces difficultés en espérant remporter le même succès qu’un an auparavant contre des troupes austro-hongroises elles aussi très affaiblies.

A suivre…

SYLVAIN FERREIRA