Forézien et Héros du peuple roumain

 Fils d’un capitaine de gendarmerie, Henri Berthelot est né le 7 décembre 1861 à Feurs, dans la Loire. Saint Cyrien 4e de sa promotion, il opte pour la coloniale. Sous-lieutenant au 1er régiment de zouaves de Koléas, en Algérie, il fait son baptême du feu en Indochine. Lieutenant en 1886, il est fait chevalier de l’Ordre du Dragon d’Annam en juillet 1887. Frappé par la fièvre il est rapatrié en France où il rejoint le 96éme régiment d’infanterie à Gap.

Admis à l’École supérieure de guerre, il reçoit son brevet d’état-major et est promu capitaine en 1891. Il part alors en Autriche pour améliorer son allemand. Il devient officier d’ordonnance du général Joseph Brugère dans le 132e régiment d’infanterie puis dans différentes unités.

En 1914, il est premier aide-major général du général Joffre chargé des opérations. En disgrâce suite aux échecs d’août, Berthelot reçoit son avis de mutation à la tête du 5e groupe de divisions de réserve le 21 novembre. En janvier 1915, il mène une offensive à Crouy, près de Soissons. Après de rudes combats, il est contraint de se replier au-delà des positions de départ.

Emission de timbres conjointe avec la Roumanie en 2018

Du 3 août 1915 au 19 septembre 1916, il commande le 32e corps d’armée appelé « groupement Berthelot » qui prend part à l’offensive de Champagne en septembre-octobre. En mars 1916, il est à Verdun où il doit reprendre le Mort-Homme et la cote 304. Le 32e CA quitte Verdun en juin pour servir dans les Vosges puis dans la Somme.

  Le 14 octobre 1916, il est à la tête de la mission militaire française en Roumanie, forte de près de 2 000 officiers et sous-officiers. Il réorganise l’armée roumaine, lourdement défaite par l’Allemagne et résistant difficilement en Moldavie. En effet fin 1916, la Roumanie est envahie au deux tiers par l’ennemi. L’armée roumaine tient un front vers la mer Noire à Dorna Vatyra en Bukovine et sur la frontière Moldave

Réorganisée par l’armée française et équipée d’un important matériel, l’armée roumaine peut dès le début de l’été 1917 fournir un effort considérable, preuve de son courage, après les revers subis en 1916.

Celle-ci s’ébranle le 24 juillet 1917 au Nord de Foscani, en deux jours les roumains percent le front ennemi sur une longueur de 30 kilomètres et enfoncent le front de 15 kilomètres. Cette offensive leur permet de prendre du matériel et de capturer de nombreux prisonniers. Le Régiment Argès n°4 prendra la position de Marastii. Ce fait vaudra la remise de l’ordre de Michel Le Brave au régiment.

Le régiment d’infanterie Argès n°4 défile devant le général AVERESCU commandant en chef de l’armée roumaine et le drapeau décoré.

Après son retour en France, le général Foch confie au général Berthelot le commandement de la 5e armée, du 5 juillet au 7 octobre 1918, qui participe à la deuxième bataille de la Marne.  Le 7 octobre 1918, il est rappelé à la tête d’une mission roumaine. Son rôle est tout autant diplomatique que militaire. L’armée roumaine modernisée et réorganisée, la Roumanie reprend les armes le 10 novembre, alors même que les empires centraux s’effondrent. Cette nouvelle intervention militaire permet à la fois de contenir la pression révolutionnaire russe dans les Balkans mais aussi de satisfaire certaines des revendications roumaines, notamment sur la Transylvanie et le nord du Banat. Ces actions militaires lui vaudront une reconnaissance du peuple roumain.

En 1923, en signe de reconnaissance de la contribution de l’armée française à la libération de la Roumanie, il reçoit du roi Ferdinand Ier et de la reine Marie de Roumanie une propriété confisquée à la famille Nopcsa, aristocrates austro-hongrois, située à Fărcădin, village de Transylvanie. L’acte de cession inclut un manoir ainsi que 70 hectares de terrain agricole, un verger et une forêt, dont les revenus annuels sont destinés, selon le désir du Général, à l’Académie militaire roumaine afin de financer des bourses d’études destinées à de jeunes étudiants roumains de l’École militaire de Bucarest qui se perfectionneront à l’Académie militaire de Nancy. Le roi  décore lui-même Henri Berthelot, de l’Ordre de Michel le Brave.

Après la défaite allemande, il est chargé de combattre les bolcheviks russes en Bessarabie puis les bolcheviks hongrois en Transylvanie durant la guerre hungaro-roumaine de 1919. Il est ensuite gouverneur militaire de Metz jusqu’en 1922 puis de Strasbourg de 1923 à 1926

Du vivant même de celui-ci, le conseil communal Fărcădin de rebaptise la commune du nom de General Berthelot. En 1965, pendant la dictature communiste roumaine, son nom est changé en Unirea (« L’union ») et la villa du général est transformée en entrepôt agricole et pillée. Après la chute du président communiste Ceaușescu, un référendum local approuve en 2001 le retour à l’appellation « General Berthelot ».

La villa du général BERTHELOT restaurée

Décédé à Paris en janvier 1931, il est inhumé à Nervieux dans le Forez, sa région natale.

Michel DELMOTTE