Le samedi 28 mai des tables ont été installées tout au long de la grande nef du Musée : près du camion Berliet, du véhicule colombier, à côté du char français FT-17, devant les mannequins en tenue 1918. A la première table, les livres sont proposés à la vente.
Je feuillette et m’arrête sur trois albums. Trois coups de cœur.
Mathurin soldat, un crayon dans le canon / Maadiar .- Editions du Pélimantin.
Voici une tranche de la vie d’un artiste combattant, de son entrée en guerre jusqu’au retour à la vie civile, sinon à une vie normale. J’ai été séduit par le trait et la couleur de Maadiar. Les cauchemars, les émotions, les peurs, les silences des combattants sont rendus avec des procédés graphiques qui traduisent l’humanité des personnages. C’est touchant et ça se lit d’une traite.
La 4ème de couverture et le site de la maison d’édition indiquent très laconiquement que « Mathurin a vécu pour de bon ». Un regret donc toutefois : que ni l’auteur ni l’éditeur n’aient souhaité préciser qu’il s’agit de Mathurin Méheut. Originaire de Lamballe (Côtes d’Armor), Mathurin Méheut fut un peintre reconnu de la première moitié du XXème siècle mais aussi dessinateur, illustrateur, décorateur, céramiste, sculpteur et graveur (excusez du peu). Si vous ne le connaissiez pas avant, allez à Lamballe. Sa ville natale lui a consacré un musée :
http://www.musee-meheut.fr/fr/biographie.html
Site de la maison d’édition :
http://www.leseditionsdupelimantin.fr/Catalogue/Mathurin-Soldat
Finnele 1. Le front d’Alsace / Anne Teuf .- Editions Delcourt
Anne Teuf s’est lancée dans une recherche personnelle dans le but de dépeindre avec autant d’exactitude historique que possible la vie de sa grand-mère Joséphine Koehrlen. « Finnele » est son surnom en dialecte alsacien. Quand éclate la guerre, Finnele a 8 ans. Son village est pris par l’armée française dès les premiers jours et se retrouve sur la ligne de front pour 4 ans. L’album est en noir et blanc, le trait est fin et précis. Le passage du français à l’alsacien est discrètement marqué par une typographie différente. Avec finesse, l’auteure laisse déjà percevoir les difficultés et les incompréhensions de la libération. Ça tombe bien : la suite sous-titrée « Dommages de guerre » vient de sortir en librairie ce 8 juin 2016.
Un blog est dédié à cette œuvre personnelle d’Anne Teuf http://finnele.fr/ et pour avoir une idée de ses autres travaux suivre le lien : teuf.ultra-book.com
Verdun 1. Avant l’orage / Jean-Yves Le Naour (scénarion), Mako (mise en scène), Iñaki Holgado (dessin), Sébastien Bouet (couleurs).- Bamboo éditions, collection Grand angle.
Il s’agit d’un album de facture plus classique, tant par le récit, le dessin que le format. L’écriture du scénario par un historien reconnu comme Jean-Yves Le Naour est un gage de sérieux et d’exactitude historique. Pour autant, le rythme est enlevé et on est surpris de ressentir si précisément la tension qui monte avant l’attaque allemande. Le récit s’ouvre avec les interpellations du colonel Driant en décembre 1915 sur la faiblesse des défenses dans le secteur de Verdun. Il s’achève avec l’écrasement de la résistance de ses chasseurs au bois des Caures. L’histoire est complétée par l’Histoire : en conclusion on trouve un dossier de 8 pages sur la bataille de Verdun avec photos. J’ai beau connaître la fin de l’histoire, j’attends la suite avec impatience.
Vivement l’année prochaine pour découvrir d’autres œuvres et d’autres auteurs !
PG GROUSSET