Samedi 20 février 2016, l’auditorium du Musée a fait le « plein »  d’auditeurs  qui venaient entendre Georges WORMS. Celui-ci nous a conté avec verve, humour  une vie poignante  de « Malgré nous ».

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Georges WORMS et Kleber GARNIER

Né le 29 janvier 1924, à Putellange aux Lacs, en Moselle, Georges est Lorrain et fier d’affirmer l’appartenance à cette région de France, qui lui vaudra de vivre une aventure « hors du commun »

En 1941 avec son père mineur de fonds, ils sont déplacés à Lens en Gohelle, afin de travailler dans les mines, se sera l’occasion lors de l’accueil par les mineurs du Pas de Calais de nouer des relations très fortes.

Fin mai 1940, Georges, son père et un neveu rallient Dunkerque à vélo pour essayer de passer en Angleterre. Mais comme civils ils ne peuvent embarquer, le nombre de navires  étant insuffisants Ils décident donc de retourner à Puttelange, à vélo, soit plus de 400 kilomètres et  réalisé en une journée,  départ à 4 heures du matin et arrivée vers 22 heures. Ils rejoignent alors  Sedan où se faisant connaître aux autorités on s’assure par des recherches dans les registres qu’ils ne sont pas juifs. Ils seront hébergés à Château Salins dans un hospice comme gardiens.

Mosellans, comme l’ensemble des  habitants du Bas Rhin, du Haut  Rhin et du Luxembourg sont considérés comme  Allemands avec obligation de rejoindre l’armée allemande. Il ne trotte qu’une idée dans leurs têtes passer en Suisse, mais cela s’avère impossible.

En 1942 au cours d’une réunion à Dieuze, le gauleiter (préfet allemand) signifie aux « malgré nous » l’obligation de rejoindre les rangs de l’armée, faute de quoi, tout refus est considéré comme désertion et la famille des déserteurs serait déportée. Georges WORMS sera intégré dans un bataillon de chars de 2000 hommes dont 60 Mosellans. Devenu pilote de char, il sera affecté au 509éme bataillon de chars équipé des redoutables Tigre I et envoyé au camp de Mailly dans la Marne. Georges WORMS est formé comme conducteur sur l’impressionnant « fauve ».

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En mission à Reims, cherchant à s’enfuir,  il rencontre un passeur mais il sera pris par la Gestapo en sortant de son rendez-vous,  en habits civil, sans papiers attendant ces documents pour fuir. Après un interrogatoire et être passé « à tabac », celui-ci aura plaidé être en civil pour passer un « bon » moment en ville. Condamné à 4 mois de prison à Reims puis trois mois à Nancy. Il passera en conseil de guerre et sera de nouveau condamné à 8 mois de prison et envoyé sur le front russe, toujours au 509éme bataillon de chars lourds. Il participera principalement aux terribles combats en Ukraine au printemps et à l’été 1944 au cours desquels son unité est engagée comme « pompiers » pour colmater les brèches créées par les grandes offensives soviétiques. Dans son équipage il fera connaissance d’un militaire allemand « Gustav » rescapé de Stalingrad, celui-ci sera blessé au cours d’une embuscade et Georges Worms réussira à le ramener dans son unité et le sauvera. Bien qu’ayant abandonné son estafette, et méritant d’être puni, ses officiers, pour son acte le décoreront de la Croix de Fer. Cet acte de bravoure lui vaudra une permission.

Il en profitera pour revenir  à Nancy, échappera aux Allemands, et rejoindra l’armée américaine. Et sera  affecté comme secrétaire et chauffeur d’un officier français. Il rencontrera et serrera la main des généraux Bradley et Patton.

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Jusqu’à la fin du conflit Georges Worms ne cessera de vivre des aventures dont il n’a pas manqué de nous évoquer les péripéties avec émotion, parfois humour et même en chantant.

Il se retrouvera sur les Champs Elysées le 8 mai 1945, pour fêter la victoire, il nous a confié avoir bu de la « bibine » et avoir offert un verre à de jeunes femmes fêtant la fin de ce conflit. L’une de ces jeunes femmes deviendra  son épouse avec laquelle il vient de fêter 70 années de mariage.

Georges Worms a captivé son auditoire attentif et ému par cette odyssée hors du commun.

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Un grand moment d’émotion venait de souffler  sur le musée.

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L’association Nanteuil Mémoire, JC PONOT, Georges WORMS et son ami Kleber GARNIER

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Michel DELMOTTE