Né le 18 janvier 1883 à paris (18ème)

Décédé le 4 octobre 1937 à Vaucresson (92)

Après un apprentissage en verrerie, il entre à l’école des beaux-arts où sa dextérité est reconnue. Madame Thévenin, qui tient salon littéraire et artistique devient son mécène et le fait voyager en Italie et aux Pays Bas pour y étudier les plus grands peintres.

En 1906, il obtient la médaille « hors concours » du salon des artistes. Il entame alors une carrière de portraitiste.

En 1914, il est incorporé au 246ème régiment d’infanterie et participe à la première bataille de la Marne.

Il est blessé à la cheville droite. Evacué vers l’hôpital de Rennes, il y subira plusieurs opérations et y restera un an en convalescence. Il y réalise une série de portrait des troupes Russes qui y sont stationnées.

Après guérison, Il est réformé en 1915

Fort de ce qu’il a vécu aux combats, il collabore avec les journaux d’époque : Le crapouillot et la guerre documentée.

la guerre documentée

Il se marie en 1918 et s’installe à Vaucresson (92). Ses œuvres se vendent partout en Europe et même en Afrique du sud.

En 1937, le ministère des anciens combattants lui commande une immense toile « d’eux à nous » représentant les croisés de saint Louis, les invalides de Louis XIV et les poilus de Clémenceau qui sera sa dernière œuvre. On ne sait pas ce qu’est devenue cette fresque.

Il meurt à l’âge de 54 ans d’une courte maladie.

Un espace lui est consacré au musée Adrien Mentienne de Bry sur Marne (94).

De sa période aux combats il a décrit à sa mécène les combats :

(Source : La correspondance et les dessins ont été communiqués par la fille de Maurice Joron, Marie-Louise Joron, adhérente du Souvenir Français de Vaucresson, 92, et publiés avec leur aimable autorisation).

« Le 6 septembre 1914. Une journée de combat, la dernière pour moi, de la bataille de l’Ourcq.

Au soir de laquelle, je fus blessé d’une balle de shrapnel à la cheville droite.

Après avoir, la veille, pris contact avec les Allemands à Yverny, les avoir chassés de Monthyon et fait reculer d’environ 5 kilomètres, cette seconde journée de cette bataille s’est passée à la 55ème division, dans la plaine de Barcy…

Ce matin-là, à l’aube de la victoire, je repassais forcément les phases du combat en constatant les effets : trous d’obus, maisons effondrées, brûlées, murs crénelés troués et abattus, meules incendiées, la ruine, le château de Monthyon saccagé, un vieux paysan nous montrant au passage sa blessure à la tête que lui avait fait la crosse d’un mauser pour n’avoir pas donné son meilleur vin…

A partir de la petite gare, la compagnie prit la formation de marche sous le feu de l’artillerie.

Nous primes la direction de la ferme Saint-Gobert et nous fûmes bientôt sur le plateau de Barcy sous une voûte de mitraille hurlante.

Nous entrons dans la mitraille, les officiers nous exhortent pour surmonter la terrible impression que nous cause la grêle des balles ; nous avons un mort, notre camarade est tombé sur le nez, sa tête découverte laisse voir le sang bouillonnant sur le crâne, deux sont blessés au bras…

Nous sommes dans un vacarme épouvantable, ayant à gauche Barcy et à droite un peu derrière nous Marcilly, couverts et disparaissant dans l’éclatement des énormes marmites allemandes qui brûlent.

(nota Raymond Pezant : en partant de la ferme Saint-Gobert vers les lignes allemandes, Marcilly est à sa gauche et Barcy à sa droite)

Le régiment progresse par vagues successives ; les bonds se font par sections, elles se couvrent les unes les autres dans leur mouvement.

Elles ne tirent pas. Les Allemands sont terrés, invisibles…

Je vois le colonel, debout dans cet enfer. Il est blessé mortellement d’une balle dans la poitrine.

Il retire son dolman et ayant agrafé sa croix sur sa chemise toute rouge, il lance ses soldats contre l’ennemi dans un geste émouvant et héroïque…

(nota Raymond Pezant : Le lieutenant-colonel Joseph Chaulet, commandant ce régiment, est blessé de plusieurs balles et d’éclats d’obus. (Il sera tué le 21 janvier 1915, près d’Ypres, en Belgique).

Parvenus à la tranchée allemande, nous en dégageons les occupants avec entrain et fureur.

Pour reprendre en main leurs hommes, se regrouper et lancer un deuxième assaut, les officiers font sonner le rassemblement.

La deuxième vague s’ébranle à la baïonnette.

C’est à ce moment que les 77 nous arrivent drus et éclatent tout près.

Le destin a voulu qu’une balle reçue dans la cheville droite m’oblige à cesser le dur mais joyeux combat et à rentrer dans la vie civile après plus d’un an d’hôpital. »