Comment vous est venue l’idée de monter Fer de lance ?
Etant petit, j’ai toujours été émerveillé par la représentation des chevaux sur les peintures représentant des scènes historiques. Tant les chevaux virulents sur lesquels sont représentés des souverains à l’attitude sereine, que les chevaux au travail, tirant des voitures ou canons. Je me suis aussi passionné pour les chevaux, dès mes 6 ans, mais n’ai jamais concilié ces deux passions avant mes 16 ans. J’ai commencé la reconstitution historique à pied, sans nécessairement chercher à en faire à cheval. Ayant commencé dans les périodes modernes (1914 – 1940), j’ai constaté qu’il n’existait aucun groupe monté, contrairement à l’Empire ou au Médiéval. Comme chargé d’une mission, je me suis dit qu’il était important aussi de commémorer les chevaux des temps modernes, plus que présents dans les 2 derniers conflits mondiaux. J’ai rapidement sympathisé avec les quelques isolés de ce milieu qui possédaient des chevaux. Nous avons réalisé une, puis deux …. puis suffisamment de sorties pour justifier la création d’un groupe propre à cela, avec sa propre comptabilité, et ses propres assurances. A la fin de l’année 2018, Fer de Lance était né.
Quels projets vous ont le plus marqués ?
Ils sont nombreux, parce que peu de projets se ressemblent. Il faut rappeler que l’origine de l’association était uniquement des cavaliers montés. Peu avant la retraite de mon père, lui aussi passionné de chevaux, nous avions projeté d’inclure un volet encore plus rare dans la reconstitution historique : l’attelage. Partis de là, ce fut l’ascension des projets à n’en plus finir. Nos projets sont même allés jusqu’au civil. Nous avons acheté des chevaux d’attelage, et avons proposé à nos prestataires et amis qui nous louent la majorité des chevaux, de former certains de leurs chevaux à l’attelage. Plus que cela, nous visions l’attelage « à la d’Aumont », propre à la conduite des voitures hippomobiles militaires. Ce fut une grande réussite ! Nous avons aussi constitué en quelques années un parc de plus de 70 voitures couvrant tout le XIXème siècle. Dès lors, les moments marquants se sont enchaînés. Nous avons gravi le château de Pierrefonds en attelage à 4 au grand trot pour Napoléon III, nous avons tiré un canon de 75mm avec 6 de nos chevaux, nous avons tiré à 4 chevaux une des plus vieilles voitures de France (vers 1780), sortie d’un musée, pour les adieux de l’Empereur, au château de Fontainebleau. Nous avons aussi fait des démonstrations dynamiques devant le public, avec le renfort d’amis, cascadeurs au Puy du Fou. Aujourd’hui, le cinéma nous demande de temps en temps, notamment pour effectuer ce type d’attelage à 4, conduits à la d’Aumont. Vous pouvez notamment en voir un dans les 11 vies de l’Abbé Pierre.
Que préparez-vous actuellement ?
Nous sommes déjà dans une année bien remplie, mais gardons de l’énergie pour notre engagement annuel depuis bien 10 ans, le Musée de la Grande Guerre de Meaux. Nous voulons cette année présenter la Cavalerie de 1915. Nous le ferons en 2 volets, la Cavalerie ayant servie à pied dans les tranchées, mais aussi la Cavalerie ayant conservé ses chevaux, et ses missions, en pleine évolution. Pour se faire, nous allons profiter de la toute nouvelle tranchée du musée, mais aussi des grands espaces du parc autour des wagons, pour détendre nos chevaux.
Nous aurons avant cela 2 manifestations en 1er Empire, l’une au château de Médavy, avec une voiture en paire, et la campagne de la Boissière-Ecole, avec 2 chariots, pour effectuer de réelles missions logistiques au profit des groupes de reconstitution.
Quels sont les futurs projets ?
Beaucoup de projets sont dans les cartons, mais il est difficile d’avancer sur tous les fronts en même temps. Nous avons un sons et lumières mi-juillet, dans une magnifique abbaye, où nous engageons pour la première fois notre cheval de trait ! Nous avons aussi réalisé le 8 mai la première sortie officielle en Libération 1944-1945, avec un groupe de Goumiers Marocains. Nous sommes toujours au travail sur des perfectionnement de nos projets en 1er Empire, mais aussi en IInd Empire, notamment avec du militaire, monté et attelé ! Nous avons peut-être un gros projet fin XVIIIème pour l’année prochaine dans un château bien connu. Nous regardons aussi pour modifier quelques chariots en voitures médiévales ou Renaissance. Et en période plus contemporaine, nous préparons un projet Guerre d’Algérie, afin de parler du dernier emploi opérationnel « de masse » du cheval dans l’armée Française.
Et les chevaux dans tout cela ?
Manifestement contents, car si ce n’était pas le cas, ils nous le montreraient rapidement. Nos chevaux sont pour la plupart en 2ème partie de vie, sortis de centres équestres ou de la chaîne alimentaire. Tous ne sont pas fait pour toutes nos disciplines, et nous prenons un grand soin à les sélectionner et les essayer. Par exemple, tous ne sont pas fait pour l’attelage, et d’autres ne supportent pas tout type de matériels ou de situations. Certains ne s’entendent d’ailleurs pas entre eux, c’est comme les humains. C’est le travail de toute l’équipe de composer avec tout cela. Comme anecdote, un de nos chevaux d’attelage, faisant des cours à l’année en carrière, s’est retrouvé beaucoup plus enjoué au quotidien après une manifestation de 3 jours avec nous, où il a été attelé à 4. J’ai la conviction que les faire sortir des sentiers battus, tant que tout se passe bien, leur fait très plaisir. Mes chevaux les plus récalcitrants à embarquer dans un camion avant, rentrent aujourd’hui d’eux même, comme s’ils avaient attendu le début de saison tout l’Hiver !
Comment devient-on membre de Fer de lance ?
Nous sommes tout à fait ouverts au recrutement. Nous avons en moyenne un nouveau membre tous les ans. Cependant les critères sont assez exigeants et nous avons refusé beaucoup de gens, et remerciés certains autres, même après plusieurs années de coopération. La présence de chevaux sur une manifestation publique ou un tournage, demande une grande rigueur et une grande discipline. La faute grave n’est pas permise. Nous préférons de loin une personne peu expérimentée avec les chevaux, mais rigoureuse et à l’écoute, qu’une personne connaissant bien les chevaux, mais sortant du cadre imposé, selon ses humeurs ou envies. Ce n’est pas un jeu, et nous avons suffisamment l’habitude pour dire qu’aucune sortie ne se ressemble, et la sécurité ne se relâche jamais. Mais si vous êtes passionné et pensez rentrer dans ces critères, n’hésitez pas à nous contacter, vous serez toujours bien reçu !
Mail : ferdelance.reconstitution@gmail.com
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