Les œuvres de l’artiste Grebel témoignent des épreuves subies par les combattants au cours du premier hiver de guerre. Les collections du Musée de la Grande Guerre en conservent plusieurs.Né à Hirson dans l’Aisne en 1885, le jeune Alphonse étudie à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, où il est l’élève du sculpteur Antonin Mercier, et à l’Ecole des arts décoratifs. Il est incorporé dans la classe 1905 du département de la Seine sous le numéro 63. Il fait un service militaire de deux ans et termine sergent. Artiste pluridisciplinaire – sculpteur, peintre, graveur et dessinateur – il installe son atelier à Montmartre. p18-19 06G02606-web

A la déclaration de guerre, Alphonse Grebel est mobilisé et affecté au 236e Régiment d’Infanterie, régiment de réserve du 36e RI. Il participe aux combats en Belgique (Charleroi et Guise) et à la bataille de la Marne. Puis il est stationné à Bray-sur-Somme et Carnoy en Picardie avec son régiment. La guerre s’enlise et l’hiver s’abat sur les combattants. Le temps est rude, il gèle et neige dès le 15 novembre. Epuisés et manquants de munitions, les soldats réclament des protections contre la pluie et le froid. Mais rien n’a été prévu ni préparé pour aider les hommes à subir la mauvaise saison.

Le soldat Grebel participe à l’attaque des positions allemandes du village de Matmez des 17 et 18 décembre, avant d’être évacué le 20 décembre 1914 car ses pieds ont gelés. Il est soigné au Val-de-Grace puis réformé définitivement en mai 1915.

Alphonse Grebel transcrit dans son art son expérience des tranchées.

Artiste du front

p18-19 06G02206-webL’artiste reprend alors sa carrière. Dans une série de lithographies publiées en 1916, Alphonse Grebel décrit avec ironie le quotidien misérable des hommes au cours de ce premier hiver de guerre où tout manque excepté les multiples souffrances : le froid, l’eau qui envahit les tranchées, l’apprentissage forcé d’une vie précaire en plein air, le quotidien où dormir, manger, se laver est devenu complexe, la proximité de l’ennemi dont il faut se protéger. Une sculpture en bronze particulièrement émouvante nous montre la silhouette d’un soldat recouvert de fripes et grelottant.

Ses lithographies décrivent le quotidien misérable et précairedes soldats

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Sculpture en bronze représentant un soldat grelottant.

Après la guerre, Alphonse Grebel vit toujours à Paris et figure aux salons des Indépendants et d’Automne et obtient une médaille d’or à l’exposition des Arts Décoratifs en 1925. Il est membre de la Society of Independant Artists ce qui lui offre l’opportunité de travailler aux Etats-Unis.

Puis en 1934 il vient s’installer défini­tivement à Antibes où il enseigne le modelage et sculpte plusieurs monuments publics à Juan-les-Pins, Antibes et Cannes. Il meurt à Antibes en septembre 1968.

Johane Berlemont