Nous publions aujourd’hui un hommage à nos glorieux anciens sous forme de poème.
Hommage aux poilus d’Alain Chauvin
Dans le jour levant
Sous la pluie glacée,
Des visages d’enfants
Se tendent angoissés.
Hier le déluge
De feu a sévi.
Le cruel grabuge
A fauché des vies…
Ils ont espéré
Encore et encore
D’être libérés
De l’affreux décor.
Pourtant les obus
Pleuvent et pleuvent toujours…
Les chevaux fourbus
Regrettent le labour…
Ce bruit incessant
D’obus, de mitraille
Rend sourds les tympans
De nos jeunes marmailles !
Joyeux, les oiseaux
Ignorent ce carnage
Et chantent aux bouleaux
L’horrible pilonnage !
La nuit, les éclairs
Zébraient les tranchées,
Les rats débonnaires
Pillaient les denrées…
Ce pain si vital
Qu’il fallait soustraire
Du ventre animal
De rats centenaires !
La terrible boue
Englue hommes et bêtes
Des pieds aux genoux ;
Les âmes sont muettes…
Le froid irréel
Gèle cette gangue
En étreinte cruelle
Et glace les langues.
A quoi bon les mots
Quand il leur faut taire
Leurs instincts vitaux
De protestataires !
Qu’ils viennent à manquer,
A désobéir,
La Muette va passer
Pour tous les punir !
Que vienne la fatigue,
Ils refuseront
L’ordre du cézigue
Et se condamneront
Au pire châtiment,
Disproportionné,
Mourir en pleurant
Debout… fusillés !
L’enfer effroyable
Et les gaz mortels
Otaient aux jeunes diables
L’ultime étincelle
Ils donnèrent leurs vies
Et perdirent leur âme,
Sans aucun devis !
Au chemin des dames…
Zombies asthmatiques
Aux yeux hébétés
Ils revinrent stoïques
Mais martyrisés !
Alors oui ! Ces hommes
Ont gagné l’honneur
Du toit des podiums,
Pour de meilleures heures…
Quant aux disparus,
Leurs noms trônent, gravés
Sur la pierre écrue,
En lettres enveuvées…
Honorons ces morts,
Leur abnégation,
Qu’ils soient les mentors
De toutes les Nations
Ils ont tant donné
Qu’Ils ont tout perdu,
Et soient honorés
Pour leurs mille vertus !