Où une veuve perspicace déjoue un sabotage !   Et la gendarmerie entre action contre l’ennemi.

Écrit par Michel DELMOTTE

Nous sommes mi-septembre 1914, la bataille de l’Ourcq vient de s’achever, un échec pour le plan Schlieffen, les Allemands sont repoussés dans l’Aisne. Ceux-ci ont toujours pour objectif la course à la mer et d’aller plus à l’ouest. Pour ce faire l’ennemi va tenter de nombreuses incursions à l’arrière du front. Le but est de couper les voies de communications, qui permettent l’acheminement des hommes et du matériel, en particulier des troupes Britanniques, depuis les ports du Nord de la France et de Normandie. La ligne de chemin de fer « Paris-Rouen-Le Havre » est particulièrement concernée.

Des actions déjà engagées.

Auparavant des commandos Allemands endommagent le 8 septembre la ligne de chemin de fer Paris-Gisors entre Us et Marines et la ligne Paris-Beauvais. Puis le 11 septembre le pont de chemin de fer de Canaples au Nord d’Amiens.

Ils projettent alors de détruire les ponts entre Oissel et dans la région de Rouen, une vingtaine d’hommes du 18ème Pionnier Bataillon (une unité du génie de l’armée Allemande) et quatre véhicules sont chargés de cette opération. Ce groupe est commandé par le Capitaine Walther Tilling. Partis  le 13 septembre 1914 de Leuilly-sous-Coucy à bord de trois voitures et d’un camion, le groupe roule de nuit. Le commando essuie des coups de feu près de Mareuil-la-Motte puis près de Lassigny. Le convoi dévie alors sa route vers le Nord passe à  Avricourt, Margny-aux-Cerises où il se retrouve au milieu des troupes de cavalerie Françaises. Les Allemands perdent une automobile Adler, et se font passer pour des Anglais. (Les uniformes des pionniers Allemands et Anglais pouvaient se confondre).

A Montdidier, une sentinelle Française leur intime l’ordre de s’arrêter, le groupe n’obtempère pas et l’écrase. Le commando se terre et se cache, alors dans les bois, vers Saint Just-en-Chaussée. Il reprend la route le 15 septembre à la nuit tombée.

le commando TILLING

Une partie du commando est capturée.

A  Ons-en-Bray une Adler de 35 chevaux, en panne, est abandonnée, une dizaine d’hommes se trouvent livrés à leur propre sort. Ils essayent de regagner leurs lignes. Les dix Allemands sont interpellés à Savignies, ils se disent abandonnés par leur chef et perdus.

Le reste du convoi poursuit sa route. Mais un autre véhicule tombe en panne et l’équipage s’arrête dans la forêt Aux Flamants.

Octavie Delacour alerte les autorités !

Le 16 septembre 1914, il est 8h30,  Octavie Delacour, veuve, 56 ans, nourrice de l’Assistance Publique, qui demeure au hameau du Bord du bois à Martagny emprunte le chemin forestier qui mène à Ferrières-en-Bray. Elle est surprise par un militaire caché derrière un arbre, qui surgit,  en uniforme gris, baïonnette à la main, lui intime l’ordre de s’arrêter et l’empoigne.

Le plan détaillé du combat.

«Sans un mot, d’un doigt sur les lèvres, il lui fait signe de se taire. Ensuite, un autre soldat apparaît et toise la pauvre femme puis, d’un brusque geste, lui ordonne de partir et de se taire ». D’abord sonnée, elle se souvient alors des uniformes des Prussiens de 1870; aucun doute : ce sont des Allemands (Elle avait douze ans à l’époque), des Prussiens ! La langue parlée, ce ne sont pas des Anglais. Elle est sure que ce sont des « Prussiens ». Après avoir discuté, les Allemands l’autorisent à continuer son chemin.  Sur sa route, elle apercevra encore deux sentinelles cachées.

Arrivée à Neuf-Marché, Octavie Delacour se hâte de prévenir le maire, Monsieur Couverchel, de la présence de soldats Allemands sur la route des Flamants. Le maire estime ces propos farfelus, l’édile éconduit la vieille femme. Celle-ci s’obstine et il finit par demander au garde-champêtre de se rendre sur les lieux. De retour, le garde-champêtre affirme n’avoir rien remarqué de particulier.

Octavie continue son chemin jusqu’à Gournay-en-Bray, elle se rend à la brigade de gendarmerie, qui compte alors quatre militaires (En effet beaucoup d’effectifs ont été déplacés du fait de la mobilisation). Ce sont beaucoup de réservistes qui ont été maintenus ou rappelés en fonction. Elle est reçue par le maréchal des logis-chef Jules Crosnier. Celui-ci écoute cette histoire avec beaucoup de perplexité.

Octavie Delacour

Ecoutons le récit d’Octavie, qui est très précis.

« J’étais partie à 8 heures 1/2 du matin, pour aller chercher un livret chez M. Richmutt, un Suisse, à Ferrière, près de la gare de Gournay. J’avais le pressentiment qu’il allait m’arriver malheur, je ne sais pour quoi. « J’avais fait 600 mètres. Je marchais dans mon sentier. Je vois des branches, de jeunes arbres qui avaient été coupés nouvellement avec une hache.

Je me dis : C’est rosse de couper du bois vert comme ça. « Un peu plus loin, un soldat qui montait la garde me prend par le bras. Je ne l’avais pas vu; il était caché derrière un gros arbre. J’ai resté sur place. « En me retournant, je vois à sa main une lance. (La lance est en fait une baïonnette).

 ’. Je lui dis : Vous m’avez fait peur, monsieur. « Il ne m’a pas répondu. Sa lance était à sa main droite, la pointe vers la terre.

. « J’étais morte de frayeur. « Je continue à marcher dans le sentier. Il fait deux pas rapides en avant pour m’empêcher de passer et il se met devant moi, en me faisant signe de me taire. Il fait deux petits sifflements avec sa langue : « Pss ! Pss! »

En même temps, il abaisse deux fois sa main droite qui tient la lance. Il fait comme ça… »

Et Mme Delacour, deux doigts étendus, les autres repliés fait le geste, et abaisse sa main droite qui tient une baïonnette imaginaire. La mimique veut dire dans toutes les langues : « Taisez-vous, n’appelez pas, ne criez pas ! »

 « Il m’a laissée à ce moment sans dire un mot et il s’en est allé dans la fosse tout à côté.

« De la fosse est sorti le chef, un gros blond de moyenne taille, même uniforme gris cendre, coiffé d’un calot. J’ai supposé que c’était le chef. La sentinelle lui a parlé. Le chef m’a regardée pendant que l’homme lui parlait et il a hoché la tête deux fois, il a levé les épaules deux fois. »

Madame Delacour imite le geste, la tête un peu penchée, les yeux levés vers le ciel.

« Après avoir levé les épaules d’un air de pitié, le chef est rentré dans la fosse. Là Je suis revenue sur mes pas. Je me retournais pourvoir s’ils me suivaient. C’est là que celui qui m’avait pris a fait : « Pstt ! Pstt ! »

Avec son doigt, il me faisait signe de revenir vers lui.

 « J’ai dit : « Il va me tuer, je ne vais pas y aller ». J’ai fait un signe comme lui, pour qu’il vienne vers moi, mais il a fait signe avec sa lance que je devais arriver auprès de lui.

Il est venu à moi tout souriant. II a dit plusieurs fois : — Tier, tier. « Cela voulait dire sans doute : « Sentier ». « Et puis il a ajouté : — Dage, dage. « J’ai compris : « Village » et j’ai répondu : Oui, pour retourner vers le village.

 « Il a pris sa lance de sa main gauche et avec le bras droit, il m’a pris par la taille pour me détourner de la fosse. J’en étais à 30 mètres environ. Je lui ai dit : Vous n’avez pas besoin d’avoir peur; vous êtes des malheureux comme nous, ce n’est pas moi qui vous fera du mal. »

 « Il a haussé les épaules; il m’a laissée et il est revenu à son arbre monter la garde.  En continuant mon chemin, j’ai vu deux autres Allemands, qui étaient à genoux dans un petit sentier le long du fossé. Ils regardaient le charretier à Madame  Denier, cultivatrice de la ferme de la Fieffe, qui labourait dans la plaine. « J’ai passé devant la ferme de la Fieffe, qui est à la lisière de la forêt. Je me suis en allée au hameau des Flamants.

J’ai dit à Madame Olivier, débitante, que les Allemands étaient dans la forêt. Elle m’a dit de le dire au maire de Neuf-Marché. « J’ai été chez M. Couverchel, maire. Je lui ai raconté tel que je viens de le raconter. « Le maire a envoyé le garde-champêtre qui a été par la route neuve. Il n’a pu rien voir. Il est revenu en disant : Y a pas plus d’Allemands dans la forêt que d’hannetons sur une gaule. »

« Moi j’étais sûre que c’étaient des Allemands. J’ai continué mon chemin et j’ai été à la gendarmerie de Gournay. »

En effet, dans cette période la hantise ambiante était source de beaucoup d’interrogation sur l’espionnage et chacun croyait avoir décelé  un espion parmi les inconnus de passage.



La forêt de Gournay en Braye dite de Rougemare

La gendarmerie passe à l’action.

Devant son insistance, Jules Crosnier, décide de vérifier ses assertions. Par téléphone, il demande à la brigade de Mainneville  des renforts, on fixe de se retrouver à la Rougemare à 14 heures. Afin de s’y rendre  les gendarmes réquisitionnent une voiture au garage voisin où René Allée, le fils, propose de les conduire. Edmond Noiret, instituteur de 23 ans et Fernand Blacher,  âgé de 25 ans, connaissant parfaitement la contrée, proposent  de les accompagner.

À peine arrivés au hameau des Flamants, les gendarmes de Gournay-en-Bray sont avertis par la population de la présence d’Allemands. Ils aperçoivent une sentinelle s’enfuyant dans les bois. N’écoutant que leur courage et sans attendre les renforts demandés, ils s’empressent de les poursuivre. Le maréchal des logis ordonne au fuyard de s’arrêter et fait les sommations d’usage. Des coups de feu retentissent aussitôt. Les Français sont tombés dans une embuscade. Abrités dans un fossé les Allemands font feu. Ils abattent les militaires un à un, bientôt les trois gendarmes sont au sol. . Un soldat Allemand, le dénommé Erik Krampitz, est également touché. Du côté des civils, Blacher est très grièvement blessé, tandis que Noiret et Allée parviennent à fuir.

Edmond Noiret nous conte l’affrontement :

Après avoir poursuivi leur route, nous arrivons à l’entrée de la Rougemare,

« Descendre par les deux portières, nous enfoncer dans le bois fut l’affaire d’un instant. J’étais aux côtés du maréchal des logis ; je lui montrai un homme à l’uniforme verdâtre reculant à 100 mètres de nous d’arbre en arbre. « Tirez » dit le logis. J’ajuste, mais l’uniforme, pareil à celui de nos forestiers, me fil hésiter. Une balle passant en sifflant ne nous laissa aucun doute. « Mais tirez-donc » hurla le logis qui n’était armé que d’un revolver d’ordonnance (nous tous avions des carabines Lebel de cavalerie).  Nous courions vers l’endroit où le Boche venait de disparaître. J’avais le chef à 10 mètres à ma gauche, Praëts à ma droite et Lebas à l’extrême droite. Je criai : « Mains hautes, hands up ». Les balles sifflaient, nous avancions toujours ; je suivis une file d’arbres. Près de l’endroit où le Boche avait disparu un feu violent nous accueillit. Je criai à Praëts qui courait tout en épaulant de l’épaule gauche : « Mais couchez-vous ! » Un choc sourd, Praëts tombe à deux mètres de moi, face contre terre à demi replié sur lui-même. Il se plaignait. Je me jetai entre les racines d’un gros hêtre. En regardant autour de moi je me vis seul. Une foule de pensées se succédant avec netteté me fit recharger rapidement mon arme. Le chargeur ne pouvait se détacher, je l’arrachai violemment et parvins à en glisser un autre. D’un fourré à 30 mètres, des Boches se glissaient. Je tirai sur le plus près qui s’effondra, puis sur deux autres à ma gauche. Praëts avait fini de râler. «Je me relevai d’un bond et, d’une course folle, en crochets, je me repliai. Que le temps fut long ! Une crainte : celle d’une balle dans les jambes! Je glissai une cartouche dans ma carabine. « A la sortie René Allée, le conducteur de l’auto, impassible sous les balles qui sifflaient à ses côtés attendait : « Vite, lui criai-je, à Mainneville ». « J’avais entendu dire par le chef Crosnier que les gendarmes de cette brigade avaient rendez-vous avec nous. Mais de quel côté la route? On nous indiquait deux directions… Y avait-il encore des Boches dans le village? J’entrai dans une maison et je demandai des habits pour me déguiser. Les gens étaient affolés : « Ne rentrez pas Monsieur », etc., etc. Sans rien attendre je repartis. « René Allée prit une route qu’on venait de lui indiquer. « A la sortie du hameau, j’aperçois quatre gendarmes poussant à la main leurs bicyclettes. Quelques pneus étaient, crevés. C’étaient les gendarmes de la brigade de Mainneville. En quelques mots ils furent mis au courant.

En chemin, ils rencontrent les gendarmes de Mainneville,  ils ont été retardés car contraints de venir à bicyclette or les  chemins sont caillouteux. Après avoir écouté le récit du drame, ils se mettent à l’abri et avertissent leur hiérarchie.

Dès la fin de ce combat, le capitaine Tiling quitte avec ses hommes rapidement les lieux. Ils prennent la direction de Rouen et on perd leur trace.

 La capture du commando.

Le sergent Leroy, du groupe 5, était à son poste à la gare d’Oissel vers 8 h. 30 du soir quand le brigadier de gendarmerie d’Oissel lui donna connaissance du télégramme officiel : Deux automobiles montées par des officiers Allemands revêtus d’uniformes Français étaient en circulation dans la région de Gournay-en-Bray. La dépêche ajoutait que trois gendarmes avaient été tués et que les automobiles devaient se diriger vers Ecouis ou Étrépagny. Accompagné du caporal Morancé, le sergent Leroy se rendit aux postes voisins qui se trouvaient de chaque côté du tunnel sous lequel passe la ligne de Paris à Rouen : le poste n° 4 à Tourville-la-Rivière et le poste n° 3 à Sotteville-sous-le-Val ; il avertit les chefs de poste. II s’en retourna ensuite vers Oissel.

Le pont d’Oissel

Il est 22h30 lorsque le sergent Leroy et le caporal Morancé arrivent au second pont d’Oissel. Ils aperçoivent des feux sur la route deux véhicules semblent s’approcher.

Il s’arrêta au poste des gardes de voie, prit un fusil, des cartouches et emmena avec lui trois hommes armés, les soldats Duhamel, Gruel et Moreau. Les voitures passent à toute vitesse, les militaires leur tirent dessus. D’autres soldats postés un peu plus loin ouvrent également le feu. Le sergent Leroy et le sergent Avrieux essaient de les suivre et décident de les attendre dans une boucle de la Seine, vers Sotteville-sous-le Val. Vers une heure du matin, les six hommes et les gardes voies repèrent des lueurs. S’ensuit des échanges de coups de feu. Les voitures poursuivent leur route, mais la première voiture s’étant trompée de chemin s’enlise, alors que la seconde disparaît.

Du véhicule enlisé, un officier Allemand blessé sort et rend son arme au sergent, les territoriaux arrivent et  saisissent cinq hommes. L’officier est blessé au bras et la cuisse, ils sont amenés au poste 3 afin d’être interrogés. Dans le véhicule, on trouve trois fusils Allemands ainsi que des cartouches, objets d’équipement, des havresacs, des bidons, des cartes.

Au même instant, les gardes-voies des postes de Sotteville-sous-le-Val et Tourville-la-Rivière découvrent le second véhicule.

Ce second véhicule, un camion-auto découvert était recouvert d’une bâche. Il transportait des caisses contenant plusieurs centaines de kilos d’explosifs, des piles, du cordon Bickford, des fils électriques,  de quoi faire sauter plusieurs ponts. On découvre également un soldat Allemand grièvement blessé. Les autres militaires Allemands ont fuis, ils sont activement recherchés.

Le 22 septembre deux fugitifs, affamés se rendent aux autorités, à Saint Aubin-les-Elbeuf.

On découvrira plus tard que le chef de l’expédition était un certain John Benary originaire d’Erfurt, dont l’oncle  Fritz Benary avait été colonel des Uhlans à Meaux. La famille Benary étant éminemment connue pour ses activités horticoles. Le chef de ce commando reconnaîtra que cette expédition devait détruire plusieurs ponts sur la Seine et  qu’elle échoua.

Les protagonistes.

Octavie Delacour

Euphrasie Octavie Gosse naît à Nesle-Hodeng, dans le département de Seine-Inférieure, le 28 février 1858.  En 1914, veuve d’un bûcheron, elle est nourrice à l’Assistance Publique. Après la guerre, elle reçoit une lettre de félicitation puis on lui attribue un bureau de tabac en remerciement des services rendus en 1914 lors des événements de la Rougemare et des Flamants. Elle décède dans sa demeure du Bord du Bois à Martagny le 20 mars 1937 à 79 ans.

Jules Crosnier

Jules Arsène Crosnier naît à Menars dans le département de Loir-et-Cher le 5 juillet 1867. Il commence sa carrière en tant que gendarme à Gaillon puis à Louviers avant d’être nommé brigadier à Étrépagny. Devenu maréchal des logis à Darnétal, il devient maréchal des logis-chef à Louviers puis au Havre, durant 2 ans, où il prend sa retraite au début de l’année 1914 et devient gérant de l’établissement municipal des bains-douches au Havre. Âgé de 47 ans, il est rappelé au service au début de la guerre à la 3e légion de gendarmerie en tant que maréchal des logis-chef territorial, commandant de la brigade de gendarmerie de Gournay-en-Bray. Il est tué lors du combat. Il est déclaré Mort pour la France, cité à l’ordre de l’armée et reçoit la croix de guerre avec étoile de vermeil et la Légion d’honneur à titre posthume.

Eugène Lebas

Eugène Stanislas Lebas, naît à Ambrumesnil le 31 juillet 1871 dans le département de Seine-Inférieure âgé de 43 ans, il est affecté en tant que gendarme réserviste à la 3e légion de gendarmerie en poste à la brigade de Gournay-en-Bray. Arrivé depuis 10 jours, il faisait sa première sortie. Il est tué lors du combat. Il est déclaré Mort pour la France et reçoit la médaille militaire.

Eugène Praets

Eugène Praets naît à Floing, le 24 juin 1853, dans le département des Ardennes. Âgé de 61 ans mais soucieux de servir son pays, il avait contracté un engagement pour la durée de la guerre. Il est tué lors du combat. Il est déclaré Mort pour la France et reçoit la médaille militaire.

Les 3 gendarmes furent cités à l’ordre de la gendarmerie : « Tués sur le champ de bataille à Neuf-Marché (Seine-Inférieure) le 16 septembre 1914 ; n’ont pas hésité à se porter à la recherche d’Allemands qui leur avaient été signalés dans la forêt de Lyons (Eure) et sont tombés mortellement frappés par les balles ennemies, après avoir ouvert le feu sur une sentinelle prussienne qu’ils ont tuée. Serviteurs modèles lorsqu’ils appartenaient à l’armée active, ils sont restés les mêmes lorsque le Pays a eu besoin de tous ses enfants ».

Adrien Fernand Blacher

Né le 11 juillet 1889 à Vincennes. Blessé mortellement à l’estomac et au foie, Fernand Blacher fut transporté en voiture jusqu’à Gournay où il expira ce 16 septembre à 23 h 30. Il est inscrit, comme les 3 gendarmes, sur le monument aux morts de Gournay-en-Bray.

Alphonse Leroy

Né le 14 mai 1875 à Léry, le sergent Alphonse Leroy, chef de poste du groupe no 5 de garde-voies et communications (GVC) du 22e régiment d’infanterie territoriale, sera promu adjudant.

Pierre  René  Allée

Chauffeur du groupe, Il sera incorporé le 8 décembre 1914.Devenu caporal au 276e régiment d’infanterie, il mourra au champ d’honneur le 14 octobre 1915 sur le front en Artois (cote 119).

Walther Tiling

Né en 1874 à Pominwesch, canton de Kowno, Walther Tilling est sous-lieutenant en 1896 et est affecté, de 1900 à 1902, au 15e bataillon de pionniers de Strasbourg puis de 1903 à 1905 à Cuxhaven, de 1905 à 1908, dans la concession allemande de Tsingtao en Chine. Nommé lieutenant, il rejoint le 15e bataillon de pionniers  alsaciens de Strasbourg. Devenu capitaine en 1912, il intègre l’école militaire de Neiße avant d’être affecté au 18e bataillon de pionniers en mai 1914. Blessé au bras et à la cuisse et fait prisonnier, il sera interrogé, restera interné 2 ans à Rouen puis sera libéré le 14 octobre 1916. En 1926, il est promu commandant et émigre au Brésil où il meurt, à Pernambouc, en 1932.

Erik Krampitz

Né en à Berlin, 21 ans, Pionnier, marié à Frida Krampitz. Il est décédé au cours du combat. On découvrira dans son uniforme une lettre de son épouse qui attendait son retour. Il est inhumé à Neuf-Marché.

Note et sources :

Les témoignages sont tirés de l’œuvre de Maurice Collignon «  Une tentative des Allemands dans l’Eure et la Seine Inférieure (BNF).  L’auteur ayant recueillis auprès d’Octavie Delacour et Edmond Noiret.

Sources :

  • Bibliothèque Nationale de France,
  • Historique de la Légion n°3 de Gendarmerie.
  • Registres matricules de la Seine Maritime.
  • Revue Histoire et patrimoine des Gendarmes.
  • Le Lensois Normand Tome 6.
  • Wikipédia.