Cet historien meldois, natif de Fontainebleau et banquier de profession, est reconnu comme le spécialiste des combats de la bataille du Multien. Le Mag l’a rencontré.

1/ Tous les amateurs de la bataille de la Marne vous connaissent mais pas le grand public, pouvez-vous vous présenter ?

Natif de Fontainebleau, j’ai grandi et étudié à Meaux, puis je suis rentré à la banque.

2014 année du centenaire de la Grande Guerre, sera aussi l’année de mon départ à la retraite.

Le mot retraite, alors que l’on va commémorer la victoire de la Marne, me semble paradoxal…

2/ Comment êtes-vous « tombé » dans la bataille de La Marne ?

Cela remonte à l’adolescence, au milieu des années soixante, accompagnant les plus grands, dans une grande balade à vélo, j’ai découvert, pour la première fois, les cimetières militaires environnants : Villeroy, Chambry, le monument de Notre Dame de la Marne à Barcy, et enfin le Mémorial américain sur la route de Varreddes. Tout cela en une seule boucle.

J’ai encore le souvenir des côtes de Varreddes que je gravissais pour la première fois, sur ma bicyclette, sans dérailleur…

Ce fut un étonnement total, de savoir que l’on s’était battu, ici, au milieu des champs, voilà ma première rencontre avec l’Histoire.

C’est à partir de là que j’ai commencé à m’intéresser à l’Histoire en général, et plus spécialement sur la bataille de la Marne.

A l’époque, la guerre 14-18 se résumait, pour faire court, chaque 11 novembre, à la cérémonie de l’Arc de Triomphe, et le soir à la TV, un documentaire d’archives sur la bataille de Verdun (sans intervenants) ou le film « Les croix de bois » car il existait étrangement très très peu de film de fiction sur cette période…

Dans les librairies, il y avait très peu de documentation ou d’ouvrages locaux, cela intéressait peu de monde. Restaient les articles paraissant dans le journal régional « La Marne » et qui relataient chaque année, en septembre, les cérémonies commémoratives de cette bataille.

(Après la seconde guerre mondiale, la génération issue du baby-boom entrait dans l’époque des 30 glorieuses, avec l’essor économique formidable qui débouchera sur la société de consommation, les loisirs, l’électro ménager, les vacances, l’automobile etc… Puis la génération du rock and roll, du transistor, de la mode aspirait à une demande d’émancipation justifiée à travers les évènements de mai 68 .Après la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie on ne voulait plus entendre parler de guerre, le fameux slogan : peace and love. Les anciens combattants de 14-18 se sont tus, et cette mémoire nous a en partie échappée et c’est ce que nous essayons de retrouver à travers leurs correspondances, carnets de guerre et autres témoignages).

Quelques années après, dans les brocantes, ou salons des collectionneurs, j’ai commencé à collecter les cartes postales sur ce sujet, en plus des documents, livres etc …

J’ai constitué comme cela, une trentaine de classeurs, répertoriés par communes.

Il y a 20 ans, j’ai adhéré à l’association « Histoire et Collection » de Chauconin-Neufmontiers, qui venait de se créer. Avec Martial Derynck et son équipe, plusieurs expositions ou reconstitutions sur le thème 14-18 ont pu voir le jour, avec un vif succès à chaque fois.

Depuis j’apporte mon aide à d’autres associations d’Histoire.

Avec plusieurs groupes d’amis nous allons sur les différents lieux des combats :

Chemin de Dames, Belgique, la Somme, le Nord Pas de Calais … les fronts britannique, australien canadien ….

Raymond Pezant, à gauche, et Michel Rouger, directeur du musée.

Raymond Pezant, à gauche, et Michel Rouger, directeur du musée.

3/ Vous avez écrit un ouvrage qui a connu maintes rééditions, où en êtes-vous aujourd’hui, année du centenaire dans vos recherches ?

Il y a 10 ans, pour le 90ème anniversaire de la bataille, avec l’association “ La cavalerie à la bataille de la Marne » du commandant Maurel, j’ai commenté plusieurs marches historiques dans la région.

Pour m’aider, dans mes explications sur le terrain, j’avais rédigé une petite brochure, sous forme chronologique, relatant succinctement les évènements de septembre 1914.

Plusieurs personnes me la demandèrent.

Puis ma chronologie s’est étoffée au cours des années, au gré des expositions ou autres évènements sur ce thème.

Elle a été perpétuellement revue et corrigée, au fil du temps, grâce principalement à internet et les archives mises en lignes du Ministère de la Défense, l’information étant devenue nettement plus accessible, (au revoir les recherches au Fort de Vincennes…) sans oublier les nombreux sites d’Histoire.

Je n’oublie pas l’aide de mon ami Bernard Devez, qui possède une fabuleuse collection d’ouvrages sur la Grande Guerre (plus de 16.000 !) et m’a permis d’accéder à des livres précieux et rares.

Chacun sait, qu’un sujet d’Histoire n’est jamais clôt, mais j’ai voulu dans cette chronologie, relater au mieux, jour par jour, heure par heure, au besoin, l’enchaînement des évènements.

J’ai aussi recensé au fil de cette chronologie, tout le patrimoine historique régional, lié à septembre 1914, aussi modeste soit-il  : plaques commémoratives, stèles, monuments, tombes isolées etc..

Aider à mieux comprendre la signification de ces lieux de mémoire, pour les personnes qui désirent s’y rendre.

4/ Comment préparez-vous le Centenaire sur le Pays de Meaux ?

En apportant ma modeste contribution aux évènements projetés.

J’organise le samedi 24 mai 2014, une marche historique autour des combats d’Etrépilly.

Il y aura une grande exposition du 13 au 15 juin 2014 à l’aérodrome d’Isles-les-Villenoy, sur le thème de l’aviation durant le conflit.

Durant le mois de septembre, à Chauconin-Neufmontiers des tranchées allemande et française seront reconstituées et accessibles au public, chaque week-end.

Le 7 septembre, à Villeroy, animation du village, à l’époque des combats, campements, troupes de reconstitution, véhicules …, Nous ferons des visites guidées, là où sont tombés Charles Péguy et ses hommes.

Exposé à Penchard, sur la Brigade Marocaine, un autre au musée de la Grande Guerre, et puis bien d’autres encore, nous ne sommes qu’en début d’année …

Mais les autres années seront aussi riches d’évènements.

recueilli par Sylvain Ferreira