Ecrit par Michel DELMOTTE

Le 11 novembre 2020, Maurice Genevoix entrera au « Temple des Grands de notre République ». Un honneur retardé d’une année du fait des événements de l’année dernière qui perturbaient la capitale et le pays. Cet hommage sera rendu cette année à huit-clos compte tenu de la pandémie qui nous frappe. Il avait connu pareille  situation étant contaminé par  la grippe espagnole en 1919.

Un français issus du terroir.

Né à Decize le 29 novembre 1890, Maurice Genevoix fait partie de ces personnages illustres qui ont participés et forgés l’esprit et la culture de notre Nation. Ecrivain, poète biographe il aura par ces œuvres marqué le siècle dernier par une œuvre littéraire inspirée des faits quotidiens.

Maurice Genevoix descend d’une famille helvétique de médecins et pharmaciens. Une famille originaire du canton de Genève. Celle-ci,  catholique fuit au XVIème siècle la Genève calviniste pour s’établir dans le département actuel de la Creuse. Lors cette migration, la famille Genevoi ajoutera un » « x » à son patronyme.

Les parents de Maurice Genevoix sont commerçants et tiennent une épicerie-mercerie à Châteauneuf-sur-Loire. Les souvenirs de jeunesse vécut dans cette ville se retrouveront dans nombre d’écrits de l’auteur, parmi eux :  « Trente mille jours » et « Au cadran de mon clocher » évoqueront cette enfance rurale précédant le premier conflit mondial.

A douze ans, Maurice perd sa maman d’une attaque foudroyante, cette disparition le marquera à jamais, ces écrits feront transparaître cette douleur, qui sera un peu apaisée par ses moments libres et réconfortant trouvés sur les bords de la Loire.

Après de brillantes études, normalien il envisage de se consacrer à la littérature.

Il est aussi témoin et héros de la Grande Guerre

Survient la Grande Guerre, mobilisé comme l’ensemble des français le 2 août 1914, il est affecté comme sous-lieutenant au 106 ème RI. Ce régiment intégré dans la 3éme armée sous les ordres du Général RUFFEY puis du Général SARRAIL. Il participa à la bataille de la Marne puis rejoindra la région de Verdun.

Du 17 février 1915 au 9 avril 1915, il participera à la bataille des Eparges, une crête tenue par les allemands qui sera prise après de violents combats.

L’ordre de bataille du 4 avril 1915, bataille des Eparges

ÉTAT-MAJOR
MM. Barjonet, Colonel commandant le Régiment.

Jacquin, Capitaine-adjoint au chef de corps.

Renard, Médecin-major de 1ère classe.

Beaudelaire, Lieutenant porte-drapeau.

Quéru, Chef de musique de 1ère classe.

Dumas, Lieutenant commandant la Compagnie. de mitrailleuses.


2° Bataillon
Commandant Marchai ; Médecin A.-M. de 2″ classe Lagarrique.

5e Compagnie. — Capit. Labbé, s.-lieuts Gasnier et Biaise.

6′ — Capit. Moing, s.-lieut. Robinet.

7″ — Capit. Bord, s.-lieut. Brun, Porchon et Genevoix.

Le 25 avril 1915, lors de combats à Rupt-en-Woëvre, Maurice Genevoix est très grièvement blessé, dans cette infortune, il suit de près son ami le lieutenant Robert PORCHON tué quelques temps plus tôt.

Le docteur LAGARRIGUE Médecin Major témoigne dans un courrier de la gravité des blessures :

« Je suis navré de vous savoir si grièvement touché. Mon pauvre vieux, c’est avec une émotion profonde que je vous ai vu, accablé de fatigue et j’oserai dire de « gloire », sur cette poussette incommode qui vous amenait à Morilly. Je n’ai pensé qu’à vous expédier au plus vite à Verdun, car votre pâleur m’inquiétait beaucoup. Je suis navré certes, mais rassuré maintenant ; je craignais le pire, et l’absence de nouvelles m’impressionnait péniblement. » (Source Wikipédia)

Maurice Genevoix évoque les faits suivants :

« Je suis tombé un genou à terre. Dur et sec, un choc a heurté mon bras gauche. Il saigne à flots saccadés. Je voudrai me lever, je ne peux pas. Mon bras tressaute au choc d’une deuxième balle et saigne par un trou .Mon genou pèse sur le sol comme si mon corps était en plomb. La tête s’incline et sous mes yeux un lambeau d’étoffe saute au choc mat d’une troisième balle. Je vois sur ma poitrine un profond sillon de chair rouge. » (Source M. Genevoix : les Eparges)

Heureusement doté d’une bonne condition physique Maurice Genevoix après un séjour de sept mois dans différents hôpitaux est rendu à la vie civile. Il gardera toute sa vie la marque indélébile de ces blessures, ayant perdu l’usage de sa main gauche. Il sera réformé avec une invalidité reconnue à 70%.

Un écrivain remarquable

De retour dans la vie civile, il assurera des fonctions bénévoles dans des associations d’aide aux enfants, puis entreprend d’écrire son témoignage sur la guerre qu’il vient de côtoyer.

Ayant contracté la grippe espagnole, il retourne dans le Val de Loire, y achète une maison qui sera le lieu de prédilection pour l’écriture de nombreux livres dont Raboliot qui lui vaudra le prix Goncourt en 1925.

Il sera élu à l’Académie Française, dont il deviendra secrétaire perpétuel. Il aura un rôle déterminant dans la défense de la langue française. Il démissionnera de ce poste à l’âge de quatre-vingts trois ans afin de se consacrer à la rédaction de nouveaux ouvrages.

Ecrivain sensible et témoin de son époque, Maurice » Genevoix laisse un héritage littéraire important sur la vie de province, les scènes de la nature, mais aussi sur les mois vécus lors la Grande Guerre.

Il laisse une œuvre impressionnante ne comptant pas moins de 56 ouvrages.

Son entrée au Panthéon rappellera aux générations futures le narrateur littéraire hors pair de son temps

Sources :

  • Wikipédia
  • Mémoires des Hommes
  • Journaux des opérations du 106éme RI.
  • Historique du 106éme RI
  • Babelio