Depuis mai 1915, l’Italie a décidé d’entrer en guerre aux côtés de la Triple Entente malgré son alliance initiale avec Berlin et Vienne. De durs combats se sont déroulés tout au long de l’année 1915 le long de l’Isonzo avec, pour l’armée italienne, la volonté de s’emparer de Trieste. Aucune décision n’a pu être faite tant les moyens des deux armées ne permettent pas d’envisager une percée. Début 1916, les combats reprennent pour le contrôle de la vallée.

A partir du 9 mars, et conformément aux engagements italiens auprès des Français de lancer une offensive dans le secteur pour contraindre les Allemands à mobiliser leurs réserves en faveur de leurs alliés et ainsi diminuer leur pression sur Verdun, la IIIe armée italienne aux ordres du duc d’Aoste reprend l’offensive. La météo défavorable entrave néanmoins les efforts italiens et les conditions de combat dans les tranchées deviennent insupportables. Le 15 mars, Cadorna, le général-en-chef italien, doit suspendre les opérations sans gain significatif de terrain. Les deux armées comptent plus de 1 800 pertes (morts, blessés et disparus).

italian_front_1915-1917

Le 15 mai, les Austro-Hongrois lancent une offensive surprise dans le Trentin et percent les lignes italiennes contraignant Cadorna à suspendre toute nouvelle offensive sur l’Isonzo jusqu’en août. Après avoir arrêté la progression des troupes austro-hongroises, et profitant de ses lignes de communication intérieures et notamment des chemins de fer, Cardona redéploie ses réserves à la fin juillet 1916 sur l’Isonzo pour lancer une nouvelle offensive à partir du 6 août. Les Italiens, qui bénéficient d’une large supériorité numérique (22 divisions contre 9 austro-hongroises), parviennent à gagner du terrain et à s’emparer de Gorizia le 8 août, ce qui leur offre une tête de pont sur le fleuve. Les Austro-Hongrois sont alors contraints de se replier sur la ligne à l’est de Gorizia dans le secteur du Mont Skabrijel. Malgré ce succès initial, l’offensive dégénère de nouveau en combats d’attrition. Le 17 août, Cardona suspend les opérations laissant plus de 21 000 morts italiens sur le terrain et 8 000 du côté austro-hongrois. Le prix payé par l’armée italienne est hallucinant pour un gain de terrain aussi faible.

Pont de bois sur l'Isonzo. Les conditions de combat sont particulièrement difficiles pour les Italiens.

Pont de bois sur l’Isonzo. Les conditions de combat sont particulièrement difficiles pour les Italiens.

Malgré cette hécatombe, Cadorna n’abandonne pas pour autant l’idée de repartir à l’attaque en direction de Trieste à partir de la tête de pont de Gorizia. Trois nouvelles offensives sont donc lancées entre septembre et novembre 1916 avec, à chaque fois des gains territoriaux ridicules et des pertes de plus en plus lourdes dans les rangs des deux armées, et en particulier pour l’armée italienne qui lors de l’offensive du 1er au 4 novembre où les pertes s’élèvent à 39 000 morts, blessés ou disparus.

SYLVAIN FERREIRA