Suite à l’échec de l’offensive du Chemin des Dames, les Britanniques préparent une offensive limitée dans la partie sud du saillant d’Ypres pour soulager les Français frappés par les grèves de l’offensive depuis le début du mois de mai. Haig confie l’opération à la 2e armée du général Plumer.

La 2e armée dispose de cinq corps d’armée pour mener cette mission. Trois corps, dont l’ANZAC (Australian and New Zealand Army Corps), doivent être engagés au combat tandis que les deux autres restent position défensive au nord du saillant. Pour soutenir l’assaut, les Britanniques rassemblent également 72 nouveaux chars Mark IV. Les Britanniques n’ont pas choisi ce secteur par hasard. Il s’agit pour eux dans s’emparer des hauteurs de Messines-Wytschaete qui dominent le sud du saillant et qui peuvent également prendre en enfilade les troupes alliées situées dans la nord, là où Haig souhaite lancer une grande offensive au cours de l’été. Le plan retenu par Plummer et son état-major s’inspire de celui mis en oeuvre avec succès à Arras en avril. La préparation d’artillerie est gérée par une direction centralisée qui doit en priorité faire taire l’artillerie allemande de la IVe armée. Comme à Arras, chaque batterie est répertoriée par calibre de canons et les positions sont reperées par un système mêlant observation acoustique et sonore, système qui a notamment fait ses preuves lors de la prise de la crête de Vimy.

Plan d’attaque de la 2e armée.

Pour observer la deuxième ligne allemande et les positions d’artillerie logiquement installées à contre-pente, Plummer dispose de 300 appareils du RFC (Royal Flying Corps) et huit ballons d’observation. On estime que 90% des batteries allemandes seront ainsi détectées avant le 7 juin. Au total 341 canons et obusiers britanniques sont alloués aux seuls tirs de contre-batterie pour un front d’un peu plus de 8 km. Le RFC assure également des missions de supériorité aérienne, de reconnaissance mais aussi de bombardement des voies de communications dans la profondeur du dispositif allemand. Les bombardier de nuit du 100 Saqudron attaquent ainsi les gares de Lille, Comines, Courtrai et Roulers. Enfin, puisque les positions allemandes se trouvent sur des hauteurs, les Britanniques vont engager un vaste changement chantier pour installer des mines sous les premières lignes allemandes. On en comptera 22 au total dont la plus impressionnante à Spanbroekmolen (point culminant de la crête de Messines) nécessitera la construction d’une gallerie de 520 mètres de long à 27 mètres sous terre. Les charges les plus importantes seront placées (43 tonnes d’explosifs) sous la ferme Maedelstede et à Spanbroekmolen.

Coupe géologique de la crête de Messines.

Dernier élément, la préparation d’artillerie mobilise 756 canons moyens et lourds ainsi que des obusiers ainsi que 1 510 pièces de campagne réparties au sein des divisions d’assaut. Plus de 130 000 tonnes d’obus sont stockés pour nourrir le feu des canons. Pour les seuls canons de campagne de 18-pounder on compte 120 000 obus à gaz et 60 000 obus fumigènes. Les deux tiers des pièces de 18-pounder est affectée au barrage roulant qui doit précéder la progression de l’infanterie. L’avance du barrage est soigneusement programmée pour assurer une coordination effective avec les fantassins. Comme à Vimy, plusieurs lignes d’objectifs successifs à conquérir sont définies pour chaque division. Le 21 mai 1917, les premiers réglages des tirs d’artillerie commencent. Dix jours plus tard, c’est le début du bombardement préliminaire qui doit anéantir les lignes de défense de la ligne Hindenburg dans sa profondeur baptisées « Flandern I ».

A suivre…

SYLVAIN FERREIRA