La « bataille » de la Marne représente la première grande étape du Centenaire. Longtemps délaissée par les historiens, elle revient peu à peu sur le devant de la scène avec notamment de nombreuses publications d’historiens anglo-saxons mais aussi français, qui nous permettent de porter sur cet épisode décisif un regard nouveau.

Dossier coordonné par Sylvain Ferreira

Un nouvel art de la guerre
art-guerre2

Le 75, clef de voûte de l’artillerie française.

La première grande nouveauté dans l’étude de cette période, c’est la nécessité de changer d’appellation pour nommer l’événement. Le terme « bataille » est « mort » en 1905 lors de la guerre russo-japonaise au moment de la confrontation des deux armées (regroupant près de 600 000 hommes) à Moukden sur un front de 140 km. L’échelle classique des batailles devient alors caduque. Il faut désormais parler d’opérations et d’art opératif.

Les généraux-en-chef ne sont plus en capacité d’intervenir sur le cours des opérations par leur seule présence, ils doivent désormais s’appuyer sur de nouveaux outils comme le télégraphe sans fil ou le téléphone. Leur place n’est plus dans la proximité du champ de bataille comme au cours de guerre de 1870, ils sont désormais à l’arrière accompagnés d’un état-major qui les soutient dans l’exercice du commandement.

art-guerre1

Chasseurs indigènes marocains après l’assaut sur Penchard.

De même, les opérations sur la Marne ne sont pas sans lien direct avec l’avènement d’un conflit à l’échelle continentale. La prise rapide de l’offensive par l’armée tsariste joue un rôle primordial dans la gestion des opérations en France. Pris de panique après les premières victoires russes, von Moltke transférera de manière irrationnelle (elles ne participeront pas à la victoire allemande de Tannenberg) de précieuses réserves vers l’Est à la fin août.

Il convient désormais de parler d’opérations et d’art opératif.

Avec la Marne, nous sommes entrés dans une nouvelle phase de l’art de la guerre et, contre toutes les idées reçues, le haut-commandement français emmené par Joffre l’a mieux assimilé que le Grand Etat-Major prussien qui préférera, déjà, reporter la responsabilité de sa défaite sur d’autres, préfigurant la thèse du « coup de poignard dans le dos » de 1918.