Lorsque le conflit éclate, la France vit un bel été. C’est sous une chaleur intense, dépassant les 30 degrés, que les mobilisés français rejoignent le front. Persuadés que la guerre sera courte, ils ne peuvent imaginer, sous ce soleil ardent, que quelques mois plus tard ils auront à affronter, en plus de l’ennemi, la pluie, la neige, le gel…p10-11 MGG_2006_1_13094_0069-web

Novembre 1914. Le mythe de la guerre éclair a vécu, les tranchées sont creusées, le conflit s’installe et avec lui, l’hiver… La première vague de froid, trois jours consécutifs de fort gel, déferle sur les Poilus. Les soldats, simplement équipés de quelques couvertures, ne peuvent lutter contre cet ennemi-là. Alors l’état-major, en décembre et en janvier, leur fera envoyer des pantalons de velours à grosses côtes, des galoches fourrées en peau de vache et des manteaux en peau de mouton.

Il faudra attendre l’année suivante pour que les combattants soient finalement mieux équipés pour affronter la météo : des bottes fourrées, un manteau long, des gants et un passe-montagne seront mis à leur disposition. A l’arrière, les familles sont aussi sollicitées, encouragées à confectionner de quoi permettre aux soldats d’endurer le moins mal possible les rigueurs hivernales.

En butte aux rigueurs hivernales, les Poilus pataugent dans une boue glacée

Celles-ci prennent bientôt un autre visage, triste, lancinant, morne : la pluie. Durant la première quinzaine de janvier 1915, il tombe sur le nord-est de la France 115 mm de précipitations, quand la moyenne pour l’ensemble de ce mois est de 60 mm… Les Poilus pataugent dans une boue glacée. Des conditions qui ne font que préfigurer la suite : sur 1 563 jours de conflit au total, 648 ont été pluvieux ou neigeux. Comme si le ciel avait voulu, à sa façon, participer à la Grande Guerre.

Quand les Poilus font la pluie et le beau temps

Lorsque la Grande Guerre débute, la France est déjà dotée d’un réseau important de stations météorologiques : plus de 2 000 réparties sur tout le territoire, permettant de constituer des archives climatiques nationales. Mais le personnel de ces stations est, comme tout le monde, mobilisé en 1914.

Dans le nord et le nord-est du pays, il n’y a alors quasiment plus personne pour effectuer les relevés. Ce seront donc les lettres des Poilus à leurs familles qui combleront le manque, leurs écrits étant interprétés par les météorologues. Ainsi, il a été convenu que quand le terme « frais », était utilisé, il devait faire entre 5 et 15 degrés Celsius. Pour « douceur », la fourchette était de 15 à 25 degrés Celsius.

Xavier Gillet