« Et pourquoi ne pas créer notre propre association d’Histoire Vivante ? » que l’aventure 14-18 en Somme a commencé !  Au départ nous étions trois dont un presque quadragénaire et deux étudiants d’une vingtaine d’années chacun, Si tous les trois étaient passionnés d’Histoire et plus particulièrement de celle de la Grande Guerre (quoi de plus naturel pour des individus vivant dans la Somme et à proximité des zones de combats?), seul le plus âgé avait une expérience de plus d’une décennie de cette activité mémorielle, les deux autres étaient par contre avides de la découvrir et de s’y investir. Nous étions alors en 2009, aujourd’hui de ce trio originel, ne reste que le quadra devenu quinqua. Les études, les impératifs professionnels et familiaux, quelques soucis de santé ont éloigné les deux autres fondateurs des activités de l’association mais celle-ci reste chère à leur cœur.

            Cette question initiale pourquoi nous l’être posée comme une boutade ? Tout simplement, parce que Sylvain déjà inscrit dans cette démarche d’une mémoire vivante et active au sein d’autres associations, s’était aperçu que si le tissu associatif historique dans la Somme était dynamique et foisonnant pour les périodes antiques, médiévales, modernes ou pour la seconde guerre mondiale, et bien peu concernant la Grande Guerre il n’était composé que d’associations de collectionneurs ou de bénévoles montant des sons et lumières qui pour être de beaux spectacles populaires n’en étaient pas moins insuffisamment exigeants quant aux uniformes, matériels et armements représentés. Et c’est cela qui l’a poussé à proposer à Antoine et Bastien de fonder une association samarienne d’Histoire Vivante destinée à promouvoir à notre échelle modeste mais « pointue », et c’est sans réticence qu’ils adhérèrent au projet. Et c’est ainsi qu’en 2009, 14-18 en Somme voyait le jour grâce à la volonté farouche de ces trois comparses qui ambitionnaient de faire de cette association un « pals’battalion » mémoriel, à l’image de l’armée Kitchener qui à l’entrée en guerre se composait presqu’exclusivement d’unités composées de copains venant des mêmes villages, clubs sportifs, mines ou usines !

            Dès sa création, les fondateurs de ce beau projet ont souhaité d’abord insister sur le « recrutement » de jeunes motivés par ce type d’activité mais le considérant comme trop difficile d’accès et/ou trop onéreux. Car si nous voulions être exigeant sur ce que nous allions faire, nous ne voulions pas être « élitistes » et ne s’adresser qu’à des collectionneurs déjà équipés leur préférant des novices qui commettraient des erreurs et auxquels il faudrait dans un premier temps tout fournir et tout enseigner. Bon an, mal an je crois pouvoir dire que cet objectif a été grandement accompli même si ce fonctionnement implique aussi un grand « turn over » des effectifs. Mais n’est-ce pas là la marque d’une association qui vit ?

            Concernant les uniformes portés, nous avons choisis d’honorer en les représentant des unités soit samariennes soit ayant combattu dans la Somme durant la Grande Guerre. A savoir, les 120 RI et 16 RIT tous deux regroupant des hommes issus des cantons de Roye et Péronne comme la majorité de nos membres, le « beau 19 » BCP les fameux vitriers de Grivesnes. et enfin la Légion, les Bat d’Af’ et le 4 RZ tous ayant combattu dans la Somme.  Enfin, nous développons depuis plusieurs années notre antenne 39-45 à travers des unités françaises de la campagne de mai-juin 40 (4ème chasseurs portés, 4ème dragons portés, 19ème ETEM),. Nous travaillons également depuis plusieurs années sur le souvenir de la RKKA, bien que les événements récents en Ukraine suscitent en interne comme en externe quelques incompréhensions et virulentes critiques. Il faut simplement ne pas oublier que plusieurs centaines de milliers de ressortissants soviétiques furent, à partir de 1943, déportés dans le Nord de la France et que plusieurs milliers d’entre s’évadèrent des camps nazis pour rejoindre la résistance française et y mourir héroïquement.

            Quand on me demande, quels sont les grands souvenirs de l’association, j’ai tendance à répondre qu’il n’y a que de grands souvenirs ! Depuis la « petite commémoration » menée sans tambour ni trompette mais au profit d’un petite commune du fin fond de l’Aisne ou de la Somme qui y a mis toutes ses tripes et son énergie pour honorer nos Poilus jusqu’à ce bivouac planté en banlieue lyonnaise à Grézieu la Varenne où un public surpris découvrait avec plaisir ses « doux dingues » venus du Nord de la France leur parler d’une guerre dont les combats s’étaient livrés si loin de chez eux ! On pourrait aussi évoquer ces rencontres avec des descendants de Poilus à l’image de la petite fille de « l’oncle Albert » dont le corps retrouvé en 2016 ou 2017 nous avait donné l’opportunité de nous rencontrer et de voir, dans les yeux de ce petit bout de femme, briller l’émotion de voir « revivre » l’aieul retrouvé à travers nos gars sanglés dans l’uniforme qu’il portait quand il fut enfoui par un obus allemand sur le front de la Somme. Il y a eu bien sûr Verdun 2016 où notre président à eu l’honneur de porter le drapeau qui ouvrait le défilé d’un millier de reconstituants à travers les rues de « Verdun la Victorieuse ». Autre moment fort, les nombreuses rencontres avec des militaires et vétérans venant des quatre coins du monde lors de différents événements mémoriels. Et puis bien sûr, il y a les manifestations que nous avons organisé nous-mêmes le défilé des Héros à Pont Sainte Maxence dans l’Oise le 14 juillet 2019, une centaine de personnes venus de France, Belgique et Pologne pour marquer le centenaire du défilé de la Victoire de 1919 par exemple. Et puis, à titre plus personnel, il y a la joie d’avoir pu faire découvrir ce monde de l’Histoire vivante de la Grande Guerre à de parfaits béotiens en la matière et qui depuis sont devenus des membres très actifs en notre sein, à l’image de notre prévôt et de sa famille, ils se reconnaîtront !

            Des projets, nous en avons à foison, il nous reste à trouver le temps, les moyens matériels et financiers, les partenariats nécessaires à les réaliser. Mais, je ne doute pas que malgré quelques turbulences ponctuellement rencontrées et quelques déceptions, nous y parviendrons fidèles en cela à notre devise : « NE JAMAIS OUBLIER, TOUOURS SE SOUVENIR».

            Je dois avouer que je ne pensais pas que cette simple  question lancée à la volée en 2009 m’entraînerait, nous entraînerait aussi loin ! Et si c’était à refaire ? Et bien, je referai car la satisfaction ressenti à transmettre, à partager nos savoirs avec le public sera toujours supérieures aux inévitables moments de doutes !

            Enfin, nous ne saurions terminer cette présentation sans quelques remerciements. Merci à nos membres et plus particulièrement à Alex P. notre touche-à-tout de génie, à Matt notre « maître » archiviste et uniformologue, Jérôme pour son apport logistique conséquent, nos jeunes toujours présents et partants, nos amis J.-F. Catteau et C. Caillaud-Coquet pour leur soutien et bien sûr  j.-C. Ponot pour son soutien et son amitié !

S. Pinard, président de 14-18 en Somme.