En écho au dossier du prochain « MAG » qui sort la semaine prochaine, nous vous proposons une série d’articles pour analyser en détail la plus grande opération de la Grande Guerre : l’opération Broussilov, dont nous célébrons le Centenaire ce week-end. Ce premier article est consacré au déroulement des opérations au cours des deux premiers jours de l’offensive.

Broussilov commande le Front Sud-Ouest (Galicie) qui regroupe quatre armées : 7e, 9e, 11e et 8e armées. L’objectif de l’opération consiste à attaquer l’armée austro-hongroise pour draîner les réserves de l’Alliance dans ce secteur du front avant de déclencher une offensive plus vaste au nord avec les forces du général Evert. Dans le plan élaboré par Broussilov, les 7e, 9e et 11e armées doivent fixer les Austro-Hongrois tandis que la 8e armée doit prononcer l’effort principal en direction de Kovel et Loutsk.

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Le 4 juin à 4h du matin, l’artillerie russe entame un bombardement du dispositif austro-hongrois pendant près de trois heures. Dès la fin de celui-ci, les fantassins de l’empire des Habsbourg réoccupent en masse les premières lignes anticipant l’assaut de l’infanterie russe. Pourtant, celle-ci reste dans ses tranchées. A bout d’une heure, après avoir évalué les dégâts du bombardement, un feu d’enfer s’abat de nouveau sur les premières lignes austro-hongroises provoquant de terribles pertes. A midi, l’artillerie russe se tait. Les Austro-Hongrois, convaincus cette fois que l’infanterie tsariste va se ruer à l’assaut, déclenchent à leur tour un puissant barrage d’artillerie qui cible le no man’s land, mais les Russes ne bougent toujours pas. Il faut attendre 18h pour que les colonnes d’assaut s’élancent enfin. Dans le secteur de la 8e armée, les Russes sont partout repoussés. Dans le secteur de la 11e armée, les opérations tournent rapidement à la faveur des Russes qui utilisent treize automitrailleuses le long de la voie ferrée Tarnopol-Lemberg pour percer le front. L’apparition de ces véhicules blindés sème la panique dans les rangs austro-hongrois. L’infanterie russe peut ainsi atteindre la seconde ligne ennemie à la jonction entre les Ire et IIe armées austro-hongroises.

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Automitrailleuses Austin de l’armée russe.

Dans le secteur de la 9e armée russe, la percée est obtenue le 5 juin au matin dans le secteur d’Okna. Les troupes hongroises de la 79e brigade d’infanterie sont anéanties. Les réserves russes sont introduites dans la brèche et prennent de flanc les unités austro-hongroises qui défendent Okna. Les Russes capturent près de 14 000 hommes.

Prisonniers autrichiens Monde illustré 29 juillet 1916

Prisonniers autrichiens.

A la 8e armée du général Kaledine, le 5 juin démarre par un nouveau bombardement, court mais d’une violence inouïe, sur les positions austro-hongroises. A 9h, l’infanterie russe installée à moins de 50 m des premières lignes ennemies part à l’assaut. Les Austro-Hongrois démeurés dans leurs abris sont surpris par l’attaque et se rendent sans combat. Le XIe corps russe prend alors de flanc la 2e division d’infanterie autrichienne tandis que le VIIIe corps déborde la 70e division hongroise. Au soir, même si les Russes n’exploitent pas immédiatement leur avantage, le général allemand von Lisingen, qui commande le secteur nord, ne possède plus de réserves et la IVe armée austro-hongroise est en pleine retraite, abandonnant derrière elle de nombreux prisonniers. La route de Loutsk semble donc ouverte pour les troupes de Broussilov.

SYLVAIN FERREIRA