Ernst Jünger est probablement l’un des combattants les plus emblématiques de la Grande Guerre. Jeune soldat en 1914, il traverse l’ensemble du conflit jusqu’à devenir officier aux talents reconnus et à la bravoure exceptionnelle. En 1993, alors âgé de 98 ans, il revient, au micro Philippe Barlelet, sur sa vie et son oeuvre littéraire, mais aussi sur ses talents d’entomologiste mondialement reconnus.

Avant de participer à la Grande Guerre, Jünger a été tenté dès l’âge de 16 ans par la carrière des armes en fuyant l’Allemagne pour s’engager dans la Légion Etrangère à Sidi-Bel-Abbès. Ramené par son père en Allemagne, il est incorporé au 73e régiment de fusiliers du Hanovre (le régiment « Gibraltar ») en 1914. Il n’arrive au front de Champagne qu’à la fin décembre 1914. Il est blessé une première fois en avril 1915 aux Eparges quasiment au même moment que Maurice Genevoix qui se trouve dans le même secteur. A l’été, il suit une formation d’élève officier puis il revient dans son régiment en tant qu’aspirant. Le 27 novembre 1915, il est promu lieutenant. En 1916, il est blessé deux fois, en août et en novembre alors que son régiment est désormais engagé contre les troupes britanniques dans l’Artois. A la fin de l’année il prend le commandement de la 2e compagnie de son régiment. Début 1917, il poursuit sa formation d’officier avant de retourner au feu. En juillet il est dans le secteur de Langemarck près d’Ypres. Au cours des combats, il sauve la vie de son frère Friedrich Georg grièvement blessé. En novembre, il est engagé dans la bataille de Cambrai, lieu de la première grande offensive alliée massivement soutenue par les chars. Il est de nouveau blessé. Il fait chevalier de l’Ordre de la Maison Hohenzollern. Au printemps 1918, il participe à l’opération Michaël sur la Somme contre l’armée britannique. Il reçoit deux nouvelles blessures. De retour de convalescence en juin il retourne dans la Somme dans le secteur de Bapaume. En août, il est grièvement blessé au poumon près de Cambrai et doit être évacué. Il ne reviendra sur le front. Le 22 septembre, alors qu’il est à l’hôpital il reçoit la plus haute distinction militaire prussienne : « l’Ordre pour le Mérite ». Il est le plus jeune officier allemand à recevoir cette prestigieuse distinction.

SYLVAIN FERREIRA