Comme évoqué la semaine dernière, le capitaine Willy Rohr a joué un rôle essentiel dans l’émergence des Sturmtruppen en succédant au major Calsow en août 1915. Retour sur sa prise de commandement.

Né à Metz en 1877, il commence sa carrière militaire deux mois avant son 14e anniversaire en devenant cadet. Après cinq ans d’études il est nommé second lieutenant au 66. Infanterie Regiment. Pendant 16 ans, il sert comme lieutenant dans plusieurs régiments d’infanterie et de Jäger (équivalent des chasseurs à pied dans l’armée française) mais aussi à l’Académie de Potsdam ainsi qu’à l’Ecole de Tir de l’infanterie. En 1912, il est promu captaine et sert comme commandant de compagnie au 161. IR puis au prestigieux bataillon de fusiliers de la Garde.

Mitrailleuse Maxim.

Mitrailleuse Maxim.

Lorsque Rohr prend le commandant du Sturmabteilung (rattaché à l’Armee Abteilung Gaede), le général Gaede lui donne carte blanche pour entraîner les hommes « en fonction de leçons qu’il a apprises de son service au front. » Rohr va profiter de cet ordre très vague pour transformer l’unité « expérimentale » en unité d’élite d’infanterie. Rapidement, le détachement perçoit un peloton de mitrailleuses Maxim, un peloton de Minenwefer et un peloton de six « petits » lance-flammes. La concentration d’autant d’armes de soutien dans un détachement de la taille d’un bataillon préfigure la souplesse d’organisation des unités d’infanterie à partir de 1917.

putilov_M02_37

Coupe du canon russe de 7.62 cm réutilisé par le Sturmabteilung.

Rohr, déçu par les faibles performances sur canon Krupp de 3,7 cm, obtient de récupérer l’excellent canon de campagne russe de 76,2 mm que les Allemands rebaptiseront 7,62 cm Infanterie Geschütz. Débarassé de ces optiques et avec des roues modifiées, le canon est parfaitement adapté pour détruire tous les points d’appui adverses à moins de 1 000 mètres tout en conservant sa mobilité. De plus, les canons peuvent appuyer les fantassins en tir direct sans risquer de les toucher. Leur proximité sur le champ de bataille réduit également le délai d’intervention, ce qui fait gagner un temps précieux par rapport au soutien d’artillerie classique d’autant qu’ils sont placés sous le commandement du chef du Sturmabteilung.

(à suivre…)

SYLVAIN FERREIRA